Se déplacer sur la Côte d’Azur signifie bouchons quasi quotidiens aux heures de pointe sur l'A8, accès de Sophia Antipolis ou de Carros qui saturent matin et soir, usagers des TER qui se qualifient de "naufragés" : pourtant capital pour le développement économique des Alpes‑Maritimes, le dossier des transports reste plus que jamais ouvert. Ces difficultés ont non seulement un impact direct sur l’environnement et la qualité de vie, mais également sur la compétitivité des entreprises.
Pour trouver des solutions, la CCI Nice Côte d'Azur a apporté une nouvelle contribution au printemps dernier en réalisant avec ses partenaires socio‑économiques un "grand‑angle transports et déplacements", assorti de 8 propositions prioritaires pour améliorer l'accessibilité et les déplacements dans les Alpes‑Maritimes. Des propositions bien ciblées qui font leur chemin. Avec Pascal Nicoletti, membre élu CCI en charge des transports, le point sur trois de ces priorités : la desserte des zones d'activité, la " logistique urbaine " avec la question des livraisons et, côté ferroviaire, le projet de Ligne Nouvelle Côte d'Azur.
Desserte des zones d'activités
" La vraie difficulté tient dans les lignes transversales comme celle de Grasse‑Carros pour lesquelles l'équilibre des financements est difficile à trouver ", explique Pascal Nicoletti. " Pour contribuer à des solutions, Sophia Club Entreprise - accompagné par la CCI - a fait un gros travail pour mieux connaître le positionnement des salariés notamment ceux de Sophia Antipolis. Mais le problème, c'est que les AOT (Autorités Organisatrices de Transports) sont habituées à regarder chez elles... et pas à côté ".
Une situation qui devrait changer
Avec les évolutions amenées par la loi NOTRe, qui donne de nouvelles compétences aux régions, les AOT seront amenées à dialoguer entre elles. C’est d’ailleurs l’objet du groupe de travail sur la desserte des zones d’activité, réunissant le Conseil départemental, la CCI, les AOT et les clubs d’entreprises et qui a déjà conduit à de premières avancées.
" Car il ne faut pas oublier que les entreprises financent les AOT à travers le versement transport. Il représente aujourd'hui 132 millions d'euros dans le département et a été multiplié par 3 depuis 2000. C'est une taxe prélevée aux entreprises mais dont leurs salariés profitent peu. Car si elles financent, elles ne sont pas partie prenante ", insiste l’élu CCI. D'où un positionnement moindre des AOT sur la desserte des zones d'activité... " Aussi, avec les clubs d'entreprises, pour faire valoir les besoins des salariés en termes de transport en commun. Nous demandons que les entreprises puissent être représentées dans les AOT et contribuer aux décisions. "
Logistique urbaine
" Le travail sur les livraisons engagé actuellement sur la Métropole Nice Côte d'Azur par les autorités, les commerçants et les transporteurs, préfigure ce qui devra se faire demain dans toutes les villes" estime Pascal Nicoletti. " Ce travail touche à l'évolution du commerce. Avec la multiplication de livraisons "gratuites", l'essor de l'e‑commerce s'est appuyé sur une cascade de sous‑traitants "transport" et une multiplication de véhicules sur le "dernier kilomètre". Ce qui conduit à des livraisons en double file de plus en plus fréquentes."
Comme lors de l'épisode d'interdiction de transport de matières dangereuses sur l'autoroute A8 en septembre dernier, la concertation avec les professionnels du transport se pratique également pour la question des livraisons en ville. "Nous faisons valoir nos besoins pour satisfaire nos clients de centre-ville : des plages horaires et des places réservées aux livraisons ", note Patrick Mortigliengo, président de la FNTR 06. " Des places qui ne soient pas squattées par des véhicules de particuliers, ce qui nous oblige à nous arrêter en double file, gênant ainsi le passage des bus. Mais la clé pour régler ce problème de livraison, c'est également la rapidité. Pour accélérer le temps de déchargement, il s'agit d'éviter la livraison en vrac et de livrer au maximum par palette, le commerçant se chargeant de venir chercher la marchandise ".
Pour Pascal Nicoletti, " Il faut aussi réinventer le système dans des villes qui deviennent de plus en plus denses. Arrêter de faire croire que tout le monde peut être livré chez soi en permanence et éviter que cela ne se fasse au détriment de l'intérêt général. Si on laisse faire, le choc de l'e‑commerce, ne sera pas possible à supporter. Il faut d'autre part que les commerçants de centre‑ville puissent être livrés, avec des aires de livraison qui ne soient pas occupées par des véhicules particuliers. C'est à cela que nous travaillons."
Ligne Nouvelle Côte d'Azur
Sur ce grand volet du dossier transport azuréen, du retard a été pris pour la première partie du projet concernant la création d'une ligne de Nice à Mouans‑Sartoux via Sophia Antipolis, qui permettra la mise en place d'un circuit TER en boucle avec Cannes. " Il sera essentiel dès 2016 d’être tous mobilisés lors de la concertation sur le choix du tracé, afin de respecter le calendrier de ce projet, qui a déjà subi trop de retard " souligne Pascal Nicoletti. Il est donc essentiel de démarrer cette mobilisation au début de l'année prochaine.
Les 8 propositions de la CCI pour passer du rouge au vert Ligne Nouvelle Côte d'Azur : une phase de concertation capitale au premier semestre 2016 Sophia Antipolis : une base de données de 15 000 trajets domicile-travail La concertation, voie vers les solutions En vidéo : interview de Pascal Nicoletti